Le cours de l’action d’Intel a chuté dramatiquement le 3 septembre 2024, atteignant son plus bas niveau depuis 2010. Cette situation a des conséquences graves pour le géant des semi-conducteurs, qui pourrait bientôt perdre sa place au sein du prestigieux Dow Jones Industrial Average (DJIA). Ce déclin intervient alors qu’Intel lutte pour rester pertinent dans le domaine des composants pour centres de données, face à la montée en puissance des solutions d’accélération pour l’intelligence artificielle générative (IA) proposées par des concurrents comme Nvidia. D’après Reuters, Intel, membre du DJIA depuis la fin des années 1990, pourrait être évincé en raison d’une chute de 60 % de la valeur de ses actions cette année. Avec un cours de l’action au plus bas, Intel est la pire performance de l’indice, tandis que Nvidia atteint des sommets.
Malgré cette situation, certains experts estiment que l’importance de l’architecture Intel Xeon dans les entreprises pourrait donner à la société quelques années pour se redresser. Cependant, l’IA générative constitue un véritable problème de perception. Si Intel est perçu comme étant en retard dans ce domaine, cela pourrait gravement nuire à son image et à ses activités.
La question de l’IA générative
Ryan Shrout, ancien cadre d’Intel et actuel président de Signal65, souligne que la base installée d’Intel dans les ordinateurs personnels et les centres de données lui offre un certain répit. Il rappelle que 80 % des ordinateurs de bureau et portables utilisent des puces Intel, tout comme 70 % des serveurs des centres de données qui reposent sur les processeurs Intel Xeon. Selon lui, si Intel disparaissait du jour au lendemain, aucun autre acteur ne serait en mesure de combler ce vide immédiatement.
Cependant, M. Shrout reconnaît que l’IA est un angle mort pour Intel, qui n’a pas anticipé l’importance de cette technologie. L’entreprise a pris des mesures drastiques pour tenter de redresser la situation, telles que la suspension de son dividende et le licenciement de 15 % de ses employés. En outre, Intel envisage de vendre certaines de ses divisions, dont son unité de puces programmables Altera, pour réduire les coûts.
L’avenir des fonderies et la stratégie de diversification
Alvin Nguyen, analyste chez Forrester, partage une vision mitigée de la situation. Il soutient que la stratégie à long terme d’Intel est pertinente, mais que l’exécution laisse à désirer, notamment en ce qui concerne les investissements dans le secteur des fonderies. Selon lui, si Intel parvient à optimiser sa capacité de production, elle pourrait regagner son statut de leader. Cependant, il doute de l’impact d’une éventuelle sortie du DJIA, estimant qu’il s’agit davantage d’une question de prestige que d’une véritable menace pour l’entreprise.
Le manque de diversification d’Intel dans les terminaux mobiles et les objets connectés est un autre point de faiblesse, alors que la concurrence progresse sur ces segments. Toutefois, Nguyen reste optimiste quant à la capacité d’Intel à se réinventer et à regagner sa position dominante.
Un avenir incertain mais pas sans espoir
Mario Morales, analyste chez IDC, partage l’avis général selon lequel Intel a encore quelques années pour se remettre sur pied, mais il insiste sur le fait que la société doit rapidement se restructurer. Il note que l’entreprise a externalisé une grande partie de la production de ses nouvelles puces à Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), ce qui nuit à sa perception auprès des clients. Morales suggère qu’Intel pourrait s’inspirer d’AMD, qui a frôlé la faillite en 2014 mais a réussi à se réinventer en se concentrant sur ses activités les plus rentables.
En conclusion, Intel traverse une période de turbulences, et son avenir dépendra de sa capacité à adapter ses stratégies aux nouvelles réalités du marché, notamment en matière d’intelligence artificielle. La société devra également envisager de se séparer de certaines de ses activités moins essentielles pour se recentrer sur ses forces. Le temps dira si Intel parvient à surmonter ces défis et à regagner son statut de leader dans l’industrie des semi-conducteurs.
