
Lors d’une récente émission sur LCI, le journaliste David Pujadas a abordé la question de l’emploi en France, affirmant que les chômeurs et les bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA) devraient être en situation de plein emploi. Cette déclaration intervient dans un contexte économique particulièrement difficile pour le pays.
En effet, la France est confrontée à une vague de plans sociaux touchant divers secteurs tels que la construction, le commerce et l’automobile. Début novembre, des entreprises majeures comme Auchan et Michelin ont annoncé respectivement la suppression de 2 500 et 1 250 emplois. Philippe Druon, du cabinet Hogan Lovells, décrit une crise structurelle affectant les modes de vie, la consommation et le travail, exacerbée par des transformations comme le passage à la voiture électrique. Le secteur automobile est particulièrement touché, avec une baisse des ventes de voitures, des coûts énergétiques élevés et des exigences réglementaires strictes sur les émissions de COâ‚‚. Des entreprises comme Valeo et Forvia annoncent d’importantes suppressions de postes, tandis que les petits équipementiers subissent des redressements et liquidations judiciaires. La situation est aggravée par la nécessité de rembourser les prêts garantis par l’État accordés pendant la pandémie de Covid-19. La hausse du chômage est prévue, avec une estimation de 8% de la population active d’ici fin 2025.
Parallèlement, des entreprises emblématiques telles que Caddie, Bosch et Valeo ont annoncé des fermetures ou des délocalisations, menaçant des milliers d’emplois. Au cours d’un seul trimestre, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 23%, touchant particulièrement l’industrie manufacturière et la construction. Malgré la création de près de 2 millions d’emplois depuis 2017, la productivité des entreprises n’a pas suivi, et on note une baisse des créations d’emplois en 2024. De nombreuses entreprises avaient été aidées par l’État durant la pandémie de Covid-19, mais beaucoup se retrouvent désormais sans soutien supplémentaire. L’incertitude politique récente a conduit à une suspension des investissements par les entreprises de taille intermédiaire, aggravant la situation économique. Les entreprises en difficulté se trouvent souvent dans des régions périphériques, où le soutien au Rassemblement national est fort.
Dans ce contexte, les propos de David Pujadas ont suscité des réactions contrastées. Certains estiment qu’ils reflètent une déconnexion des médias par rapport à la réalité économique et sociale du pays. D’autres considèrent qu’ils mettent en lumière la nécessité de réformes structurelles pour favoriser le retour à l’emploi des personnes en situation de précarité.
Il est essentiel de reconnaître la complexité de la situation actuelle. Si l’objectif du plein emploi est louable, il ne peut être atteint sans une compréhension approfondie des défis économiques auxquels la France est confrontée. Les fermetures d’entreprises, les délocalisations et les faillites créent un environnement où les opportunités d’emploi se raréfient, rendant difficile l’insertion professionnelle des chômeurs et des bénéficiaires du RSA.
Pour remédier à cette situation, une approche globale est nécessaire, incluant des politiques de soutien aux entreprises, des programmes de formation adaptés aux besoins du marché du travail et des mesures visant à encourager l’innovation et la compétitivité. Sans une telle stratégie, les déclarations appelant au plein emploi risquent de rester lettre morte, déconnectées des réalités économiques actuelles.